Le terme « brat pack » a été créé à la défaveur d’un article de David Blum - le journaliste l'a par la suite regretté - dans l'édition du New York magazine le 10 juin 1985, vilipendant de jeunes acteurs soit-disant trop gâtés et obsédés par la célébrité. Brat, qui pourrait être traduit par morveux en français, possède un ton moins violent pour les non-anglophones, et, ainsi qu’Andrew McCarthy l’écrit, bénéficie avec le recul du temps d’une teinte régressive, d’une aura positive, englobée dans les couleurs et le brillant d’une génération d’adolescents américains au cœur de la magie et de l’énergie des années 80.
Le livre d'Andrew McCarthy explore sa vie d’enfant, d’adolescent, sa vie d’acteur et d’homme bouleversée par les films devenus cultes dans lesquels il a joué aux côtés ou non d’acteurs associés au phénomène «Brat Pack» qui les a tous malmenés : Emilio Esteves*, Rob Lowe, Judd Nelson, Molly Ringwall, Ally Sheedy, Anthony Michael Hall, Demi Moore, Mare Winningham, ainsi que, par ricochet, Kevin Bacon, Matthew Broderick, Tom Cruise, John Cusack, Matt Dillon, Robert Downey Jr., Jami Gertz, Jennifer Grey, C. Thomas Howell, Diane Lane, Jon Cryer, Mary Stuart Masterson, Charlie Sheen, James Spader, Kiefer Sutherland, Patrick Swayze, Elizabeth McGovern.… dans The Outsiders, St Elmo’s fire, The Breakfast Club, Pretty in Pink, Sixteen Candles, Weird Science, About last night, la Folle journée de Ferris Bueller...
Andrew McCarthy révèle dans ce livre un vrai talent pour raconter des histoires, prendre de la hauteur sur ses propres histoires. Le récit témoigne d’esprit de mémoire, de réflexion autant que de simplicité dans son regard sur les faits et le passé, et, ce que j’aime par-dessus tout, dans un esprit positif, drôle, sans langue de bois, sans aucune forme de complaisance envers les faits ou sa personnalité de l’époque, ses difficultés notamment familiales, ses faiblesses et ses erreurs, son addiction à l’alcool, sa consommation de drogue et leurs conséquences, sa vie publique et sa vie privée.
En plus d’avoir exploré avec intérêt dans cette lecture le New York des années 80, Hollywood backstage, appris plein de détails passionnants sur des films que j’aime beaucoup (aussitôt revisionnés), j’ai adoré la fin du récit au côtés de Claude Chabrol, et dans les dernières pages la plongée imprévue en plein cœur de la chute du mur de Berlin. Fin des années 80.
Brat est un récit prenant, bien dit, intéressant, avec, outre les petites madeleines de Proust semées sur le chemin des adolescents des eighties, une forme certaine d’universalité dans le ton et les expériences.
Je lis « Walking with Sam » et je vous en dis plus, si je ne suis pas partie sur le Chemin …
Brat: an '80s story, d'Andrew McCarthy
Est édité par Grand Central Publishing
* Concordance :
« The Way, la route ensemble » est un film réalisé par Emilio Esteves, dans lequel le personnage joué par son père, Martin Sheen, part sur le chemin de Compostelle en mémoire de son fils.
Les deux acteurs dont la famille est originaire de Galice ont écrit une biographie croisée et sans concession après cette expérience, que j'ai lue également avec intérêt.
Emilio Estevez y revient aussi sur le "Brat Pack".
