Dans ce livre comme un journal de bord, hospitalisée aux portes de la mort et de la folie, jour après jour elle lutte contre elle-même, contre le double malfaisant à qui elle a donné un nom, contre l'impératif de contrôle qui régissait sa vie. Bouchée après bouchée, un liquide de gavage coulant par le nez, comptant les calories elle revient à la vie en voyant avec angoisse les kilos revenir. Épaulée par le médecin qui l’a prise en charge, écoutée, portée à bout de bras, vue pleurer, crier, elle avoue par bribes une mère malade, absente, un père furieux, maltraitant et une belle-mère assortie, une sœur et un frère également pris en otage.
Autour de Laure les patients - boulimique, anorexique, en surpoids ou en fin de vie, habitent chacun quelques mètres de l’espace hospitalier, mêlant aux autres à sa façon une tranche de vie.
La maladie pour seule moyen d’exister ? Si elle sort, si elle s’en sort, Laure devra, seule, répondre à cette question.
Ce roman, premier texte publié (sous pseudonyme) par Delphine de Vigan, fait écho au récit de son magnifique livre autobiographique, Rien ne s’oppose à la nuit.
Un récit dur, fort, puissant, très bien écrit, dont les mots et les idées sont aussi difficiles à lire qu’indispensables à dire.
Jours sans faim, de Delphine de Vigan