La lecture m’accompagne et me nourrit au quotidien depuis l’enfance. Partager les ouvrages qui m’ont touchée intéressée amusée scotchée ou bouleversée est un plaisir supplémentaire. Et un tremplin vers le partage intime et ultime : l’écriture, qui m’anime et me passionne tout autant.

L'attrape-cœurs, de J.D. Salinger

Ce livre culte est aussi difficile à résumer qu'à cerner de prime abord. Il raconte de manière frontale l’échappée new-yorkaise d’un collégien à nouveau viré de son établissement. Trois jours pendant lesquels il disparaît du radar familial et scolaire. Il erre dans la ville, se façonne une vie imaginaire, joue avec son identité, tente de faire vivre des liens sociaux et expérimente au fil des rencontres. 

Ce récit est un ovni littéraire, en particulier lors de sa parution dans les années post-seconde guerre mondiale. Tout est écrit comme l’adolescent le pense, avec les mots d’argot, les formes de phrases et les idées issues de sa pensée immédiate, brutes et justes. À ce titre, c’est très bien traduit. Il en émane un blues, une difficulté d'exister et de se projeter dans un avenir incertain.

La finesse du héros qui se laisse vivre et observe, son incapacité scolaire rachetée par son attrait pour les bons livres, la musique et la poésie, son amour pour ses frère et sœur cadets, ses questions étranges sur les canards en hiver dans Central Park renforcent l’esprit unique du roman de JD Salinger dont on imagine les influences autobiographiques. 

C’est parfois drôle, parfois émouvant, d’autres fois triste. Un vrai scan de la société américaine de l’époque, dans les pas d’Holden Caulfield. 


L'attrape-cœurs, de J.D. Salinger

Aux éditions Robert Laffont et Pocket

+ Une intéressante version bilingue, chez Robert Laffont / Pavillons Poche